Description
La génération d’après-guerre installa dans le débat algérien des thématiques politiques et sociétales audacieuses et innovantes qui essaimèrent rapidement dans le sous-continent nord-africain. Vainqueurs du combat d’idées, ces jeunes ne purent cependant imposer leur légitimité pour remporter celui du pouvoir d’État.
Pourquoi la refondation nationale qui fit consensus dans le camp moderniste ne se déclina-t-elle pas dans les institutions ? L’arabo-islamisme jouant sur les origines kabyles de la majorité des acteurs d’un mouvement inédit pesa dans la marginalisation du nouveau projet. Prise dans les rets des polémiques post-coloniales, l’Union européenne, entrainée par la diplomatie française engluée dans un tiers-mondisme suranné,ne voulut pas faire écho à d’autres offres de partenariat que celle que lui imposa l’autocratie algérienne.Enfin, l’idéalisme, revendiqué, des porteurs du renouveau contraria sans doute le parachèvement de leur parcours.
Mais ce récit montre que la démocratie pâtit d’abord de la frilosité d’élites républicaines qui peinent à s’émanciper d’un régime dont elles dénoncent par ailleurs abus, dérives et prédations. Une aliénation paradoxale qui dit beaucoup sur l’impasse algérienne.
Le quatrième tome des Mémoires de Saïd Sadi, Le Pouvoir comme défi, est un miroir où se révèlent les ressorts psychologiques d’une citoyenneté embryonnaire, tourmentée et incertaine. Une fragilité qui constitue le terreau d’un statu quo stérilisant. La « modernité hésitante » que déplorait le Tunisien Mohamed Charfi dans l’aire musulmane connut ses manifestations les plus préjudiciables en Algérie, rappelle l’auteur de cet ouvrage.
Pourtant, la ferveur de la narration, rigoureusement documentée, invite le lecteur à croire que les graines de la rénovation démocratique germeront.